6 heures du matin, j’arrive à Alenya pour faire des photos d’oiseaux dans un petit cours d’eau, l’Agouille de la mar, qui débouche sur l’étang de Canet. Mais il faut d’abord se préparer et rejoindre l’embouchure à pied: 15 minutes à la lueur de la frontale, engoncé dans mes waders avec sur le dos mon appareil photo, divers accessoires, à boire et à manger et bien sûr les 10kg de mon affût flottant : une vraie partie de plaisir !
Sur le chemin, j’aperçois au loin les silhouettes de nombreux hérons cendrés qui chassent. La matinée promet de belles rencontres…
Une fois préparé et le matériel mis en eau, j’avance incognito sous mon affût flottant. Tout doucement et à genoux je patauge dans 10 cm d’eau et 30 de boue. C’est l’étape la plus délicate et la plus pénible. Il faut tout faire pour éviter les mouvements brusques et les bruits bizarres.
Surprise matinale
A peine deux minutes plus tard je me retourne pour surveiller tout autour de moi et soudain un groupe de sangliers sort des roseaux et renifle précisément l’endroit où je suis rentré dans l’eau ! Apparemment ils ont perdu ma piste et n’ont pas remarqué le dôme de l’affût, pourtant à un peu plus de 10 mètres d’eux. Il y a 7 marcassins accompagnés de 3 adultes dont une femelle. Je cadre avec précipitation et je déclenche. Je me rend compte alors que je n’avais pas encore eu le temps de régler mon boitier ! photo ratée ! Je rectifie le tir, le résultat est meilleur mais limite: à 800iso 1/80 de seconde au 300mm c’est dur d’être stable !
Le petit groupe repart dans les roseaux mais la mère reste sur la berge et remonte dans ma direction. Elle se fige et me regarde avec intérêt. Clic !
Elle reste encore quelques secondes, regarde ailleurs puis rejoint sa petite famille. Cette fois-ci la photo est correcte car j’ai tout fait pour immobiliser l’affût qui est presque aussi stable qu’un trépied. Il y aura tout de même des petites retouches à faire car le soleil commence à peine à se lever et le boitier a du mal à rendre l’exposition et les couleurs (balance des blancs) de cette luminosité très particulière.
Le réveil de l’étang
Mon périple se poursuit, mètre par mètre, jusqu’à l’embouchure de l’Agouille de la mar. Je me dis alors que l’affût flottant est vraiment génial, plein d’oiseaux se réveillent et commencent leur activité sans même faire attention à moi. J’ai alors l’impression de faire partie de la famille, de vivre avec eux leur quotidien. Mais par dessus tout, aucun ne sera dérangé.
Une femelle de Canard colvert dort encore sur un tronc d’arbre, face au soleil qui fait rougir l’eau de l’étang. Elle se réveillera tout doucement alors que je m’approche d’elle.
Il y a le Râle d’eau qui cherche son petit déjeuner dans la boue à l’aide de son long bec rouge. Un Martin pêcheur fera un petit vol stationnaire avant de plonger dans l’eau ; mais il est trop loin pour réussir une photo.
Le Chevalier guignette prend un bain à l’aube avant de chercher à manger sur la berge durant toute la matinée.
La zone est favorable à un oiseau peu fréquent, la fameuse Talève sultane. Cette espèce est présente le long des côtes espagnoles et son aire de répartition s’étend en France sur les deux seuls départements des Pyrénées Orientales et de l’Aude. J’espère ce matin en photographier mais pour le moment elles ne sont pas là.
Que le spectacle commence !
En revanche les hérons cendrés sont venus en force ! Une douzaine d’individus chassent dans le canal et quelques uns prennent la pose au bord de l’étang avec des Aigrettes garzettes.
D’ici la vue est sublime avec en fond les Albères, un massif de montagnes reliant les Pyrénées à la mer Méditerranée. Mais le moment le plus émouvant de la matinée est sans conteste les combats de Hérons cendrés.
En effet, deux oiseaux ont l’air de ne pas s’apprécier. Dès que le premier se pose et commence à chasser, un second héron s’approche pas à pas et vient poursuivre le pauvre bougre qui n’a rien demandé !
Le manège se répètera quatre ou cinq fois me donnant l’occasion de faire une petite séquence montrant la poursuite en vol. Le premier volant en rase motte, les ailes dans l’eau pour échapper aux coups de becs du second.
Finalement, j’ai eu droit à une des plus spectaculaires photos que j’ai eu l’occasion de faire, montrant une tentative de résistance face à son agresseur. Malheureusement leurs mouvements ont été si rapides que la photo est légèrement floue… mais je la publie tout de même car un tel spectacle est plutôt rare !
Tout secoué par cette escarmouche un des deux hérons arrangera son plumage à plusieurs reprises en ébouriffant et en lissant ses plumes.
Plus tard, en fin de matinée, la rencontre tant attendue à enfin eu lieu. Deux Talèves sultanes sortent de la roselière et se baladent sur les berges de l’étang à la recherche de leur nourriture. Elles sont encore assez loin et se déplacent avec rapidité. Faire une jolie photo devient donc difficile d’autant plus que la lumière est très dure. L’oiseau est superbe d’un bleu intense qui contraste avec le rouge vif des pattes et du bec.
C’est sûr je retournerai très vite les voir de plus prés et les photographier dès l’aube !
Superbe photographies et textes…
Cela donne envie d’y aller et de s’y attarder quelques jours. Kaigen, <;o))
Merci beaucoup Kaigen, A bientôt
Superbe endroit ou je vais de temps à autres (j’habite Perpignan) mais je dois dire que le grommellement des sangliers planqués à quelques mètres dans les roseaux me fait rebrousser chemin…
Très belles illustrations et description du spectacle matinal. Je suis curieux de l’affut flottant…
J’y retournerai dès que j’ai mon nouveau joujou…